jeudi 14 mai 2015

Quelqu'un à tuer


"Quelqu'un à tuer" pour sauver deux vies imbibées de noirceur. Deux vies de mecs, celles de Arthur et Ignacio qui ne manquent pas de types à zigouiller, à commencer par eux-même, qui sait. Et pour cause ....
2014. Arthur est un mec paumé qui picole et qui glande. Pour enfoncer le clou, sa belle Suédoise vient de le laisser tomber, lassée de ce musicien raté sans ambition. Pourtant, elle l'avait aidé à enregistrer son premier album, elle y croyait, lui aussi un peu. Au final, leur couple se fracasse et Arthur se transforme en loque humaine. Pas question de trouver refuge chez sa mère, une communiste endurcie, qui ne lui a témoigné ni tendresse ni amour depuis son enfance. Elle le tient sans doute pour responsable du départ précipité de son père, un matin en douce alors que le gamin n'avait que deux ans. Il ne l'a jamais connu, alors qu'il aille le trouver maintenant. En Andalousie, un type, Ignacio Obregon, héros de la guerre d'Espagne, lui dira où le trouver. Il est temps de régler ses comptes avec son père.
1936. La guerre d'Espagne happe la vie d'Ignacio, une vingtaine d'années,  mineur comme son père dans un village minier d'Asturies, et communiste comme ces ouvriers, les gens du peuple. Avec son frère il est contraint de fuir son village, il laisse derrière lui sa mère et ses sœurs, et Candela celle qu'il a aimée. Ignacio s'engage sans concession dans le guerre civile. Sa lutte contre le franquisme sera impitoyable et ses actes de guerre, ses exactions en série,  lui vaudront à jamais respect et crainte.
Au bout de ce parcours chaotique, les deux hommes vont se rencontrer. Ils ont mené une vie exempte
d'amour car il leur a toujours filé entre les doigts. A cause de ceux qui les en ont privé : père et mère, oppresseurs du peuple, militaires, Franco et autres petits cons de passage. Les responsables ne manquent pas, alors Ignacio et Arthur ont tout plaqué pour partir à la recherche de "quelqu'un à tuer". Ils foncent, effrayés par leur propre image de salaud et de raté. Pourtant, leur quête ne se termine pas comme ils l'imaginent car en chemin ils font de belles rencontres qui les changeront à jamais et inconsciemment leur feront revoir leur jugement. Tout ne semble plus foutu.

Olivier Martinelli a écrit un roman noir. Un vrai avec pour décor la guerre d'Espagne (bien documentée d'ailleurs grâce à Michel del Castillo) marquée par la cruauté qu'elle engendre et les hommes qu'elle broie. J'ai été impressionnée par le personnage d'Ignacio, enragé et destructeur. Pourtant on sent que cette rage vacille, grâce à son petit frère et cet instituteur et sa femme que la guerre met sur son chemin. Au final, il s'agit bien d'un roman d'amour aussi, qu'il soit maternel, fraternel ou conjugal. Ces deux hommes sont également à la recherche de quelqu'un à aimer... J'ai apprécié ce road trip vers l'Andalousie et au bout de la route cette rencontre touchante et cinglante à la fois .

Olivier Martinelli aime la musique aussi, ça on le savait depuis la publication de ses derniers romans Une légende et La nuit ne dure pas. Il propose d'ailleurs des lectures accompagnées d'accords flamenco. Belle idée ! Je suis impatiente de les entendre. En attendant, lisez Martinelli !

Quelqu'un à tuer de Olivier Martinelli, la Manufacture de livres, 2015

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